Concernant l’origine du nom de Montmagny, les sources font cruellement défaut et les avis divergent. Certains auteurs y voient une origine latine, d’autres celte ou bien encore scandinave. Aussi contentons-nous de présenter quelques hypothèses pour tenter d’élucider l’origine du nom de Montmagny.
D’après certaines sources, le nom de Montmagny proviendrait de la locution latine Mons Magniacus. Le mot Mons désignerait une proéminence, autrement dit un mont. Effectivement, la butte Pinson – telle qu’elle se nomme aujourd’hui – domine bien la commune de ses hauteurs boisées. Mais selon certains archivistes paléographes, spécialistes des textes anciens, le mot Mons peut également désigner un lieu habité ou mis en culture, ce qui pouvait être le cas à Montmagny dès l’Antiquité. Quant au mot Magniacus, il pourrait dériver d’une autre locution latine signifiant « magnifique », elle-même dérivée de magnus qui veut dire « grand ». Partant de là, Mons Magniacus pourrait alors signifier « Propriété du Magnifique », titre qu’aurait pu porter un seigneur local possédant des terres sur l’actuel territoire de Montmagny. Il s’agit là d’une première hypothèse.
Robert Béthencourt-Devaux, premier essayiste à avoir publié une étude sur Montmagny, se risque à proposer une origine scandinave. En effet, selon lui des envahisseurs venus du Nord auraient occupé l’actuelle Butte Pinson lors des grandes invasions ayant précipité la chute de l’empire romain décadent. Il est vrai que cette position stratégique offrait un point de vue incomparable sur Lutèce (ancien nom de Paris) pour préparer son invasion. Cette hypothèse est à considérer avec beaucoup de réserve puisque l’auteur ne cite aucune source fiable pouvant l’étayer. De plus, aucun vestige archéologique ne fut exhumé sur la butte Pinson permettant d’étayer cette thèse.
Maurice Gachelin, également auteur d’un ouvrage sur l’histoire de Montmagny, se montre plus réservé quant à l’interprétation que l’on peut tirer des anciens noms portés par la commune. L’origine latine du nom lui semble toutefois plus probable. Selon lui, Mons Magniacus, tel qu’on peut le lire dans un document du XIe siècle, désignerait un terrain cultivé entre deux hauteurs puisque l’on peut traduire Mons par « colline » et Magniacus par « champ ».
De toute évidence, aucune des hypothèses formulées jusqu’à présent n’est suffisamment convaincante par manque de sources suffisantes et parfaitement fiables. Ainsi, si l’on a longtemps cru que Montmagny signifiait « Grand Mont », c’est en raison d’une traduction erronée que fit un moine au XIIIe siècle du mot Montmagni qu’il prit pour une locution latine dérivée de Mons Magnus signifiant littéralement « Mont Grand ». Cette erreur fut révélée en 1883 par l’abbé Lebeuf, auteur en 1883 d’une Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris.
En étudiant les rares sources médiévales mentionnant le nom de Montmagny, on constate que son orthographe évolua au fil du temps, perdant sa consonance latine au profit d’une francisation plus appuyée. De Montem Magniacum ou Monte Magniaco à la fin du XIe siècle en passant par Monmagnie en 1243, on arrive à Monmeignia en 1293 pour aboutir à Montmegnie en 1308. Dans des documents médiévaux non datés et étudiés par Hippolyte Cocheris, auteur d’un Dictionnaire des anciens noms des communes de Seine-et-Oise, on trouve encore d’autres orthographes : Mommegina, Mommegnia, Mons menia, Montmeignia. L’orthographe actuelle semble finalement s’imposer au crépuscule du Moyen Age. Le plus ancien document conservé aux archives municipal, le registre paroissial de 1550, porte bien le nom de Montmagny dans l’orthographe que nous lui connaissons aujourd’hui.
Ci-dessous : plan de Montmagny en 1782.
La rue du Château fait implicitement référence à l’ancienne demeure des seigneurs de Montmagny dont il ne subsiste aucun vestige ni aucun témoignage précis. Il est toutefois possible d’imaginer la superficie de cette riche demeure ainsi que son emplacement théorique dans le tissu urbain actuel grâce à un plan d’intendance du XVIIIe siècle conservé aux Archives départementales du Val-d’Oise. Le corps principal du logis, auquel on accédait par un perron, était flanqué à l’est d’une aile assez modeste et à l’ouest d’une aile plus importante à laquelle venait s’adosser un long bâtiment formant un angle avec le corps principal, et plusieurs dépendances. Toujours d’après le plan d’intendance du XVIIIe siècle, on sait que le château possédait un parc comportant des alignements d’arbres et des pièces d’eau, sur le modèle du jardin à la française. Ce parc comptait aussi probablement un certain nombre d’arbres fruitiers puisque des actes notariés du XVIIe siècle précisent que Huault, seigneur de Montmagny, possédait une batterie complète d’ustensiles pour faire des confitures à partir des fruits de son verger magnymontois. Un acte de vente de 1739, avec inventaire du mobilier, précise que le château comportait plusieurs bureaux et pièces de réception, 12 chambres réparties sur 3 étages avec 5 gardes-robes et cabinets, sans compter une chapelle, des écuries, une forge, une réserve à gibier, etc. Certains affirment que le château aurait été transformé en hôpital durant les guerres révolutionnaires puisque des décès y auraient été enregistrés entre Messidor an II (juin 1793) et le Thermidor an III (juillet 1794) de la République. Le château et le parc auraient disparu progressivement à la fin du XVIIIe siècle. Plusieurs témoignages le confirment, à commencer par celui de Charles Oudiette qui écrit en 1817 dans son Dictionnaire topographique des environs de Paris que « Le château, autrefois seigneurial, a été démoli; il en reste encore deux pavillons ». Dans son Histoire des environs de Paris, J.-A. Dulaure précise en 1858 que « Le château seigneurial a été démoli pendant la Révolution ; il n’en reste que deux pavillons entourés d’un parc clos de murs ». A ce jour, il ne subsiste aucun vestige du château et de son parc. Pourtant certains prétendent que la bâtisse à l’angle de la rue du Château et de la rue Carnot serait l’ancienne écurie seigneuriale. Aucune fouille archéologique n’a permis de l’attester jusqu’à présent.
Ci-dessous : détail du plan d’intendance du XVIIIe siècle montrant l'emplacement du château et de son parc.
Charles Huault (1589-1653), dont la famille possède une seigneurie à Montmagny depuis le XVIe siècle, entre dans l’ordre de Malte en 1622 et participe à plusieurs expéditions maritimes contre les Barbaresques qui écument la Méditerranée. En 1636, il est nommé gouverneur de la Nouvelle-France. La province dont il a reçu le commandement est peuplée de diverses tribus indiennes, notamment les Iroquois qui reprochent aux Hurons d’être devenus perméables à l’influence française et à la propagande chrétienne. Sa première tournée d’inspection lui permet de mesurer l’insécurité au milieu de laquelle vivent les colons. De retour à Québec, il réorganise la défense militaire du territoire pour faire face aux menaces iroquoises de plus en plus pressantes. En 1641, les Iroquois déclarent la guerre aux Français et à leurs alliés hurons. Fin stratège, Charles Huault fait édifier un fort en août 1642 à l’embouchure de la rivière Richelieu, axe de circulation privilégié des Iroquois. Ces derniers entreprennent le siège de ce fortin qu’ils finissent par abandonner, face à la ténacité des défenseurs français et hurons. Cette victoire vaut à Charles Huault le surnom indien d’Onontio (grande montagne). Les rapports se pacifiant, les deux camps concluent un traité de non-agression à Trois-Rivières puis des échanges commerciaux s’instaurent. Mais le contact des deux civilisations s’avère néfaste aux Indiens. En effet, les Français propagent malgré eux des maladies contre lesquelles les organismes indiens ne sont pas immunisés. Croyant être ensorcelés par des démons européens, les Iroquois reprennent les hostilités. En 1645, s’intéressant de près à l’Ile aux Oies sur le fleuve Saint-Laurent, Charles Huault y fait entreprendre d’importants travaux de défrichement pour y créer une ferme. Le 5 mai 1646, il se voit concéder la propriété d’un site dont il devient le seigneur, comprenant notamment l’actuel territoire de la ville québécoise de Montmagny. En 1648, il est relevé de ses fonctions pour des raisons controversées. Nommé receveur du prieuré de France par le Grand Maître de l’ordre de Malte, il est finalement envoyé aux Antilles, dans l’île de Saint-Christophe, où il décède en 1653. Il a laissé au Québec le souvenir d’un administrateur consciencieux, soucieux du progrès et du bien-être de la population. D’une piété reconnue, il n’aurait jamais manqué l’occasion de montrer sa compassion pour les indigents. Enfin, on lui prête le rôle d’avoir introduit le cheval et le théâtre au Canada, et d’avoir donné ses premiers noms de rues à la ville de Québec. Charles Huault, seigneur de Montmagny, est devenu une figure emblématique du Québec. C’est grâce à ce personnage historique que les communes française et québécoise de Montmagny entretiennent d’étroites relations. La Place du Québec et le Mail Charles Huault ravivent la mémoire de cet illustre magnymontois.
Ci-dessous : portrait gravé et présumé de Charles Huault figurant sur un monument à Montmagny au Québec.
La redoute de la butte Pinson constitue l'un des éléments du programme du général Séré de Rivières visant à assurer la défense de Paris. Ouverte en décembre 1877, elle a été construite en deux ans par le 1er régiment du Génie selon un plan trapézoïdal, non loin du Moulin de la Galette et du Café Daubercies où se déroulaient les bals des samedis et dimanches à l’orée du bois de Richebourg, attirant la jeunesse des alentours et même de Montmartre, alors relié par un tramway. La face la plus exposée à l’ennemi de la redoute – et par conséquent la mieux défendue – est située au Nord-Est, tandis que l’on pénètre dans l’enceinte de l’édifice par la face sud-ouest, ouverte sur Paris. La superficie de la redoute intra muros représente 2 hectares. A l’origine, la garnison était composée de 151 soldats : 7 officiers et 144 hommes de troupe. Les fossés, larges de 3 à 6 mètres et profonds de 4 mètres, sont dotés d'une escarpe entièrement maçonnée. Des caponnières défendent l’entrée de la Redoute. Celle-ci compte 8 traverses, dont 4 avec abri, se répartissant sur tout l'arrière du casernement. Sous les traverses se trouvent de longues salles voûtées servant de dépôts de munitions et d’abris. A sa mise en service, elle est équipée de 13 pièces de rempart, 4 mortiers et 5 pièces de flanquement. La caserne proprement dite est formée de 10 casemates voûtées reliées entre elles. Tous les murs de la caserne sont en moellons ; seuls les encadrements des ouvertures, tournées vers le sud, sont en pierres de taille ou en briques rouges. Les parois intérieures sont blanchies à la chaux afin d’éclaircir les pièces. Sur certaines parois on peut encore lire des graffitis laissés par les soldats. En mars 1918, la redoute devient, avec quatre canons de 75, le centre de la 3ème batterie du 64ème régiment d'artillerie anti-aérienne chargé entre autre de défendre l’aéroport du Bourget distant seulement de 13 km. En 1940, les Allemands y installent des canons anti-aériens. Le 27 août 1944, l'avant-garde de la 2ème DB commandée par le chef de bataillon Massu s'attaque à la redoute occupée par le 105ème régiment de grenadiers Allemands. En souvenir de cet épisode, un monument à la mémoire du général Leclerc et de ses troupes a été érigé en 1953 à proximité de la fortification. Démilitarisée après la seconde guerre mondiale, la redoute est reclassée, permettant de tester les radars Dassault. La redoute a effectué sa complète mutation lors de son rachat en 1973 au Ministère de la Défense par les villes de Montmagny et Pierrefitte, avant de devenir la propriété du S.I.E.A.B.P. - Syndicat Intercommunal pour l'Etude et l'Aménagement de la Butte Pinson. Elle offre un panorama exceptionnel et l’Agence des Espaces Verts (AEV) travaille actuellement à la revalorisation de ses abords.
Ci-dessous : vue d'une des casemates de la redoute de la butte Pinson.
En 1893, l’abbé Théodore Garnier achète l’ancien rendez-vous de chasse des ducs d’Enghien pour y fonder un lieu de retraite spirituelle, la Maison du Sacré-Cœur. Il en confie la direction à son frère, l’abbé Léon Garnier, qui recueille à partir de 1902 des élèves pour les préparer aux études du Grand Séminaire. En 1908 est créée l’École Notre-Dame de Lourdes, établissement d’enseignement supérieur préparant des jeunes gens à la prêtrise. La chapelle, édifiée en 1912, reçoit la châsse contenant le corps du martyr Saint Théodore, tiré des catacombes de Rome en 1838. Le 26 septembre 1925, les bâtiments et le parc de 2,5 hectares sont offerts au Syndicat des prêtres catholiques du diocèse de Versailles et l’école Notre-Dame de Lourdes devient le Séminaire des vocations tardives de Montmagny. Au fil des ans, le Séminaire se dote de nouveaux bâtiments afin d’accueillir toujours plus d’élèves. Les services communs sont assurés par des religieuses, les servantes du Sacré-Cœur. L’abbé Léon Garnier, décédé en 1927, est remplacé par l’abbé Joseph Gallerey qui améliore le cadre de vie et codifie les méthodes d’enseignement. Après l’installation de l’électricité, de l’eau courante et du chauffage central, un nouveau bâtiment de deux étages est construit en 1930 avec en son rez-de-chaussée un réfectoire de cent couverts. La salle de gymnastique et le nouveau parloir sont ouverts en 1931. En 1934, une sacristie s’adosse à la chapelle. Tous ces bâtiments se retrouvent reliés entre eux par un cloître. Sous l’Occupation, le séminaire de Montmagny accueille des élèves du grand séminaire de Beauvais et voit se dérouler plusieurs ordinations. Le 27 août 1944, un détachement de la 2ème DB du Général Leclerc stationne quelques jours au Séminaire avant de repartir en campagne. En mai 1945, le séminaire compte 60 élèves originaires d’une dizaine de pays européens mais aussi de Russie et du Liban. Dans les années 1960, le nombre de nouvelles vocations diminuant, l’évêché ferme cet établissement qui forma au total plus de 400 élèves. Parmi eux, certains entrèrent dans des ordres religieux : Trappistes, Franciscains ou Cordeliers. D’autres partirent enseigner et prêcher en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique. En 1974, la commune de Montmagny rachète le séminaire pour y loger des services municipaux et diverses activités culturelles qui perdurent. Après de gros travaux de rénovation, le pôle Pergame est inauguré en 2009, regroupant dans deux des ailes du Séminaire l’école municipale des musiques et des ateliers de pratiques artistiques.
Ci-dessous : carte postale ancienne représentant la chapelle du Séminaire de Montmagny dans les années 1930.
En 1926, l’abbé Léon Garnier, curé de Montmagny, commande à Auguste Perret la construction d’une nouvelle église dans le Sud de la commune qui s’urbanise de plus en plus. Elle est dédiée à Sainte-Thérèse de Lisieux, désignée par le pape Pie X comme la « plus grande sainte des temps modernes ». Grâce à l’emploi du béton armé et à la répétition des éléments coulés à l’avance dans un nombre limité de moules, la chapelle a été construite en une année, pour un prix relativement bas pour l’époque et la taille de l’édifice. La chapelle mesure 36 mètres de longueur, 13 mètres de largeur et 11 mètres de hauteur, le clocher mesurant à lui seul 30 mètres de hauteur. La surface bâtie représente 470 mètres carrés. La nef ne comporte qu’un petit nombre de points d’appui constitués de 8 colonnes réunies par des poutres qui servent de chaînage. Les parois sont constituées d’un treillis en béton armé remplie de formes géométriques variées et colorées, offrant ainsi une impression de légèreté. La chapelle est couverte d’une voûte plate très mince qui constituait en 1927 l’une des caractéristiques innovantes de cette construction. Situé en saillie de la façade principale, le clocher de section carrée repose en avant sur deux piliers principaux et en arrière sur une poutre maîtresse qui en reporte la charge sur les colonnes latérales de la nef. Toutes les structures accessoires de l’édifice sont en ciment : l’escalier en colimaçon menant à la tribune située au-dessus du porche, les bénitiers, les fonds baptismaux et la balustrade de la tribune. Le décor intérieur a été réalisé par Valentine Reyre, artiste symbolisant le renouveau de l’art sacré en France dans l’entre-deux guerres. La fresque murale ornant le fond du chœur – aujourd’hui partiellement masquée – était composée de trois panneaux peints, d’un entourage composé de carrés décorés et d’un fond bleu avec inscriptions sur feuillage jaune. Elle représente la Crucifixion de Jésus et Sainte-Thérèse au pied de la croix. Dix ans après l’achèvement des travaux, Valentine Reyre réalisa les quatorze stations du chemin de croix dans des teintes qui rappellent parfois celles du Fauvisme, avec une dominante de rouge. Le 5 avril 1993, l’Association Diocésaine de Pontoise, qui en était propriétaire, céda la chapelle pour le franc symbolique à la commune de Montmagny. Aussitôt, des démarches furent entreprises par la Municipalité pour faire classer cet édifice au titre des Monuments historiques afin d’en garantir la pérennité. D’importants travaux ont permis de consolider l’édifice qui montrait quelques signes de faiblesse.
La chapelle est classée Monument historique depuis 1997.
Ci-dessous : la chapelle Sainte-Thérèse dans les années 1930.
En 1184, l’évêque de Paris consacra la paroisse de Montmagny et la dédia à Saint Thomas de Cantorbéry. De cette église primitive, il ne subsisterait que la base gothique du clocher. L’église fut interdite d’accès en 1737 car elle tombait en ruine. Grâce aux largesses de Louis Henri de Bourbon, prince de Condé, l’église Saint-Thomas de Montmagny fut reconstruite en 1740. Le souvenir de cet illustre bienfaiteur se lit à travers son blason qui orne toujours le portail latéral de l’édifice. C’est au cours de ces travaux de restauration que furent retrouvées trois pierres tombales exposées aujourd’hui au fond de la nef. Elles appartiennent à deux chevaliers de Huault, seigneurs de Montmagny, et à un couple de vignerons. En 1875, des travaux furent entrepris pour assainir l’édifice rongé par l’humidité. En 1876, le sol du chœur fut bétonné et recouvert d’un pavement « imitation de tapisserie ». En 1880 fut posée une nouvelle grille en fer forgé séparant le chœur du déambulatoire. Malgré ces travaux, l’état de l’église restait préoccupant. En 1884, l’architecte Cailleux fut choisi pour diriger de nouveaux travaux de restauration. On utilisa pour la maçonnerie le plâtre des carrières de Montmagny, des pierres de Montmorency et des briques creuses de Sannois. Une autre caractéristique technique est à signaler : les couvreurs ont utilisé une nouvelle sorte de clou inventée vers 1864 qui permettait de maintenir chaque ardoise sur ses quatre faces. Au sommet du clocher fut placé un coq reposant lui-même sur une croix de trois mètres de haut pesant 100 kg. Une nouvelle horloge fabriquée dans l’Oise fut installée à la fin du mois de juillet 1884. Le nouveau clocher – rehaussé de 6 mètres – fut inauguré le 19 octobre 1884. Le 29 juin 1888 eu lieu la pose du nouveau portail, restauré notamment grâce au soutien du Conseil Général de Seine-et-Oise. Dans les années 1970, d’importants travaux ont été entrepris par la municipalité pour réhabiliter les habitations anciennes situées autour de l’actuelle place du Québec. Aujourd’hui, des concerts de musique classique sont donnés chaque année dans cette église. L’église Saint-Thomas de Montmagny a été immortalisée sur plusieurs toiles du peintre Maurice Utrillo qui séjourna quelques années sur la commune avec sa mère, Suzanne Valadon, elle-même artiste peintre renommée.
Ci-dessous : une carte postale ancienne représentant l'église Saint-Thomas au début du XXe siècle.
Le bâtiment originel est inauguré le 11 septembre 1880, à l’emplacement d’une première Mairie-école. Ce nouvel édifice comporte en son rez-de-chaussée une salle de Mairie, un bureau dédié au secrétariat et un local abritant les archives. Les autres parties du bâtiment sont entièrement occupées par l’école primaire. Dans sa monographie, Georges Grosse, l’instituteur, en dresse la description suivante : « Les classes ont 10 mètres de long, 7 mètres de large et 4 mètres de haut […]. Les classes sont éclairées par 6 fenêtres et une porte vitrée qui donne sur la cour. En face de cette porte se trouvent les cabinets ». Elles sont aussi dotées d’un poêle à charbon pour le chauffage payé par la Commune. Les cours de récréation sont séparées selon les sexes. Le logement de l’instituteur se situe au premier étage et communique directement avec la salle de cours. Au bâtiment initial construit au début des années 1880 s’ajoutent une buanderie au fond de la cour (1888) et un bûcher (1892). La Mairie-école est sans cesse agrandie et rénovée au cours des décennies suivantes, jusqu’à la construction de l’école Frères Lumières en 1959 qui permet de libérer progressivement les locaux de la Mairie. Celle-ci subit d’importants travaux de réhabilitation permettant aux services administratifs municipaux de s’y développer. La nouvelle Mairie est ainsi inaugurée en novembre 1963 et n’a guère changer d’aspect extérieur depuis. Elle offre en outre une particularité certaine : de nombreuses peintures, acquises depuis le milieu des années 1960, ornent les murs des couloirs, bureaux, salle du Conseil et salle des mariages, étant ainsi visibles par le public fréquentant la Mairie.
Ci-dessous : une carte postale ancienne représentant la Mairie au début du XXe siècle.
La rue des Carrières et le sentier des Carrières Pinson font référence à un élément ancien du patrimoine industriel de la commune, aujourd’hui disparu. En effet, depuis le XVIIIe siècle (peut-être même avant), des carrières de gypse à ciel ouvert ont été exploitées sur les versants de la butte Pinson à Montmagny. Le gypse est une roche sédimentaire formée à l’ère tertiaire (65 millions d'années) provenant de l'évaporation d'une eau riche en sulfate de calcium. Sur l’autre versant de la butte, à Villetaneuse, des carrières similaires seraient attestées dès 1463. Parmi ces carrières, la plus connue est celle de M. Audebert qui l’exploite pour produire du plâtre dans une usine jouxtant l’excavation. Une fois extraite (parfois à l’aide de dynamite), la roche est chargée dans des wagonnets montés sur rails puis acheminée au moyen de plans inclinés jusqu’aux fours où elle est chauffée puis broyée et enfin tamisée. On obtient ainsi un plâtre utilisé par les maçons. Un plâtre à mouler, plus pur, est obtenu à partir d’opérations similaires dans la même usine. Il est utilisé dans un atelier contigu pour confectionner des moules à partir desquels sont réalisés des ornements d’intérieur. L’ensemble de ces opérations nécessite l’emploi d’une machine à vapeur de 30 chevaux ainsi que de nombreux carriers (82 recensés en 1896). La cession d’un terrain communal en 1906 à M. Audebert, qui souhaite s’étendre, laisse supposer que son affaire prospérait. L’établissement Audebert n’est pas le seul sur la commune à exploiter le gypse : celui de M. Christiaens est situé sur le versant Est de la butte, celui de M. Vieujot au bord de la ruelle du Coude. Ce dernier connut une mésaventure en octobre 1907 puisqu’une partie de sa carrière s’effondra. Après deux siècles d’exploitation, les carrières furent comblées à partir des années 1960 et remplacées par un parc paysager, actuellement réaménagé par l’Agence des espaces verts de la Région Ile-de-France.
Ci-dessous : carte postale ancienne illustrant les carrières de la butte Pinson au début du XXe siècle.
À partir du XIXe siècle, le lieu-dit des Sablons, dans le sud de la commune, accueille plusieurs entreprises, la proximité immédiate de la gare d’Epinay-Villetaneuse justifiant cette implantation. Peu de cartes postales représentent ce quartier, alors précieuses sont les rares cartes représentant ce quartier et ces activités économiques spécifiques. Ainsi, en 1888, la Municipalité autorise un projet d’implantation d’une usine de rectification des alcools dans le secteur des Sablons par la Société des alcools purs de Paris. Cette entreprise a pour vocation de rectifier les alcools de mauvais goût provenant de la distillation des betteraves notamment. Achetés à bas prix, ces alcools sont acheminés à Montmagny par wagons-citernes puis stockés dans des bacs. Une série d’opérations – employant des bacs, des tuyaux, des pompes, de la soude caustique, de l’acide sulfurique, du pétrole – permet au final de purifier ces alcools qui sont ensuite distillés pour obtenir enfin de l’alcool rectifié entrant dans la composition de certains cognacs et vins de Champagne. L’usine utilise un générateur destiné à fournir la vapeur nécessaire à l’alimentation de ses moteurs. Toujours dans le même secteur se situe une usine confectionnant des éléments en bois pour pianos : l’entreprise Herrburger, Schwander et Cie. Le site abrite des ateliers de débitage, refendage, rabotage… Dans ces bâtiments, 22 ouvriers fabriquent tous les éléments en bois des pianos : les touches en tilleul, les fourches en hêtre, les marteaux en cèdre. Une machine à vapeur de 140 chevaux fournit l’énergie nécessaire au fonctionnement des machines-outils. Ces éléments en bois sont assemblés à d’autres éléments métalliques dans un autre atelier situé à la Porte de la Chapelle, à Paris. D’autres entreprises s’installèrent au cours des décennies suivantes, comme Boston Blacking qui fabriquait entre autres du vernis pour la réparation des cuirs. Aujourd’hui, un nouveau parc technologique s’étend à l’emplacement même de ces anciennes industries, ainsi qu'une pépinière d'entreprises.
Ci-dessous : carte postale ancienne illustrant la construction de l'usine Boston Blacking.
Les registres paroissiaux de Montmagny sont les témoins privilégiés de la vie quotidienne des magnymontois durant des siècles puisque les curés eurent la charge d’y consigner les naissances, les mariages et les décès survenus chaque année dans la commune. Jadis entreposés dans le presbytère de l’église, ces registres ont tous été restaurés et sont désormais conservés aux Archives municipales. Le plus ancien d’entre eux a commencé d’être rédigé en 1550, ce qui fait de lui l’un des plus anciens du Val-d’Oise. En août 1539, l'ordonnance royale de Villers Cotterêts imposa la tenue de registres de baptême pour permettre aux personnes postulant à une charge ecclésiastique de prouver leur majorité. En mai 1579, le roi Henri III ordonna aux curés de tenir non seulement des registres de baptêmes mais aussi des registres de mariages et de sépultures. L'ordonnance de Saint-Germain-en-Laye de 1679, édictée par Louis XIV, s’attacha à uniformiser la rédaction des registres en imposant la signature des actes de baptême par les parrains et marraines, des actes de mariage par les conjoints et les témoins, des actes de sépulture par deux parents du défunt. En 1736, Louis XV consacra une déclaration royale à la tenue des registres paroissiaux. Il décida notamment que dans les actes de mariage devaient figurer les nom, âge, profession et demeure des contractants. Cette déclaration royale est capitale car les registres, ainsi rédigés, apportent aujourd’hui de précieuses informations sur la démographie et l’histoire des villages.
Grâce aux registres paroissiaux, il est ainsi possible de connaître les mœurs des magnymontois. On apprend ainsi que les mariages – comme partout en France – étaient contractés majoritairement entre des personnes issues du même milieu : on dénombre ainsi plusieurs mariages célébrés entre des enfants de vignerons. On constate aussi qu’au XVIIIe siècle les magnymontois se mariaient tard : 38 ans en moyenne pour les hommes et 28 ans pour les femmes. Ces mêmes registres apportent des renseignements fort utiles pour connaître la démographie de la commune. Ainsi, en 1694 le curé de Montmagny enregistra 21 décès contre seulement 8 naissances. Il est également permis d’établir une typologie des métiers exercés sur la commune pour certaines périodes. Il est ainsi fait mention à Montmagny d’un tonnelier en 1699, d’un maréchal-ferrant en 1719, d’un menuisier en 1753, d’un taillandier en 1785, d’un cordonnier en 1791, etc. L’étude des registres permet même de connaître la manière dont s’habillaient les magnymontois au XVIe siècle. En effet, dans un testament cité dans l’un ces registres paroissiaux, on apprend qu’en 1554 un vigneron légua à un parent un chapeau de soie et une chemise blanche. Les registres paroissiaux offrent enfin de précieux renseignements sur le degré d’alphabétisation de la population. Ainsi, lorsqu’une personne ne savait pas écrire, une marque géométrique parfois complexe représentait sa signature. Dans ce cas, le curé prenait soin d’entourer cette marque et d’inscrire lui-même en toutes lettres le nom du signataire.
Ci-dessous : l'ancien registre paroissial de Montmagny de 1550.
Au Moyen Age, la vallée de Montmorency était un territoire voué davantage aux productions maraîchères ou viticoles qu’à la céréaliculture. De nombreuses sources attestent la présence de vignes à Montmagny dès l’époque médiévale, tel le Liber Testamentorum témoignant de l’échange de six arpents de vignes entre le prieuré bénédictin de Groslay et Guérin des Champs, habitant de Montmagny. Dès le XIIe siècle, la vigne paraît solidement implantée sur le terroir de la châtellenie de Montmorency qui se distingue par un sol calcaire, marneux, gypseux, et un sous-sol sableux, excellentes conditions pour la culture viticole. L’action des villes, la proximité de débouchés commerciaux, le voisinage d’une forêt fournissant le bois nécessaire à la construction des tonneaux et des cuves, sont autant de facteurs déterminant l’expansion viticole. Les cépages dominant sont alors le fromentel, donnant le meilleur vin blanc, et le morillon qui donne un vin rouge fort prisé. Quant à l’implantation géographique de la vigne à Montmagny, l’aveu de 1457 nous en révèle avec certitude la présence dans la partie nord de la commune. La viticulture perdure à Montmagny après le Moyen Age. Pour en apprécier l’ampleur, il faut savoir que vers 1780, la superficie totale de la commune de Montmagny représentait 273 hectares sur lesquels 136 étaient occupés par des vignes contre 83 pour les terres labourables. La production viticole magnymontoise était de 918 muids en 1788. Grâce à un procès-verbal de la visite des cabarets de Montmartre en 1729, on sait que le vin de Montmagny y était abondamment consommé. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, aux crus locaux de la vallée de Montmorency se substituent des vins rouges de meilleure qualité, venus de Champagne ou du Mâconnais, ce qui explique le début du déclin de la vigne à Montmagny et le développement des cultures fruitières. Ces dernières sont attestées à Montmagny dès le XVIIe siècle, notamment par la présence au domicile parisien de Huault de Montmagny de toute une batterie d’ustensiles pour faire des confitures, les fruits venant de son château situé à Montmagny. D’ailleurs, au XVIIIe siècle, sont déjà bien implantées les cultures de prunes, mures, poires, pommes et bien sûr de cerises déjà fort réputées dans toute l’Ile-de-France.
Si l’on croit ce qu’écrivent certains auteurs du XIXe siècle, la vigne semble dominer toutes les autres cultures à Montmagny. Ainsi, Charles Oudiette note au début du XIXe siècle dans son Dictionnaire topographique des environs de Paris publié en 1817 que la principale culture du terroir de Montmagny est la vigne et qu’il y a beaucoup d’arbres fruitiers. Dans son Tour de la Vallée de Montmorency, Lefeuve écriten 1856 que « le meilleur vin du crû se cuit en sortant du pressoir, ce qui lui donne un air de ratafia ».Ces constats optimistes ne doivent cependant pas masquer la réalité : la vigne vit ses dernières heures à Montmagny. Le XIXe siècle voit en effet se confirmer le déclin de la vigne au profit des cultures fruitières. En effet, jusqu’au début du XXe siècle, la superficie consacrée à la vigne stagne, puis décroît rapidement après la Grande Guerre. La qualité même n’y est plus, comme en témoigne l’instituteur de Montmagny qui constate vers la fin du XIXe siècle que « les meilleurs raisins sont vendus sur le marché et qu’on ne se sert que du raisin avarié ou incomplètement mûr pour faire le vin, ce qui contraint le vigneron à ajouter du sucre. Le type de cépage choisi est alors souvent grossier, commun, comme le gamay noir ou le gros gamay ».
Avec le chemin de fer élargissant et facilitant le transport des denrées dans toute la France, la concurrence des régions de grande tradition viticole devient plus rude. Les besoins en main d’oeuvre de l’industrie, l’achat des terrains par les parisiens pour y établir leur résidence secondaire, les attaques successives de l’oïdium, du mildiou et du phylloxera sont autant de facteurs qui expliquent en partie la décadence du vignoble en banlieue parisienne. Pour tenter de sauver leur vigne, les viticulteurs de Montmagny sont contraints d’adhérer en 1898 à un syndicat antiphylloxérique, au même titre que Pierrefitte et Deuil. Pour répondre aux besoins accrus du marché urbain en pleine explosion, les viticulteurs diversifient leur production en se spécialisant de plus en plus dans les cultures intensives, comme à Montmagny avec le développement de la culture de la poire ou de la pivoine, et ceci au détriment de la vigne. La construction des lignes de chemin de fer dans la vallée de Montmorency conduit les petits cultivateurs à accélérer la plantation d’arbres fruitiers pour approvisionner la capitale en fruits frais. Les agriculteurs de Groslay, par le biais d’une coopérative, exportent même leurs productions jusqu’en Angleterre ! Les cultures légumières, fruitières et florales sont parfaitement adaptées à l’organisation technique, sociale et humaine des terroirs de vignoble. Ces cultures de remplacement ne sont cependant pas pratiquées sur les parcelles trop étroites et très sèches qu’occupait la vigne et qui restent souvent en friche. Une fois lancé, le nouveau type de production s’étend en tache d’huile aussi loin et aussi longtemps qu’il rencontre des conditions physiques, climatiques et humaines favorables. C’est la cas du poirier qui fut d’abord introduit à Saint-Brice, puis à Groslay, et enfin à Montmagny, Villetaneuse, Deuil. Diverses sortes de poires étaient produites, des William’s, des Beurré-Hardy et des Passe-Crassanes.
Ci-dessous : pressoir à fruits en action à Montmagny au début du XXe siècle.
La diversification des activités agricoles dans la vallée de Montmorency à la fin du XIXe siècle est confirmée par un érudit nommé Baudrillart. Dans son ouvrage consacré aux Populations agricoles de la France, il constate en 1888 qu’il existe différents types de cultures dans la Vallée de Montmorency. Il remarque que la part des exploitants de Seine-et-Oise ne cultivant que la vigne ne cesse de décroître, et tend à se confondre, à peu d’exceptions près, avec d’autres catégories de cultivateurs, qui cumulent la vigne avec d’autres productions. Et l’auteur de conclure que « les vignes ne sont plus qu’une culture accessoire ». En décrivant le paysage de la vallée de Montmorency dans un style tout emprunt de romantisme, Baudrillart confirme la prédominance des vergers : « Ces collines riantes, si bien aménagées, où la culture étale ses trésors, qui réjouissent les regards avant d’enrichir le cultivateur, placent sous les yeux qui ne s’en lassent cet heureux assemblage de coteaux ondulés et de vallées, qui développent avec grâce leurs larges étendues verdoyantes où s’étalent de plantureux vergers où les cerisiers et les arbres fruitiers de diverses sortes abondent ».
L’adoption de cultures spéciales qui permet le maintien de petites exploitations n’entraîne généralement aucune modification des caractères de ce cadre traditionnel. La culture d’arbres fruitiers est plurielle : les techniques et les variétés sont multiples. Les procédés intensifs sont surtout appliqués aux poiriers. On trouve à Montmagny et à Groslay le type classique du verger intensif : les plantations y sont extrêmement denses, de 500 à 1.000 arbres à l’hectare. Le calendrier de travail de l’arboriculteur est extrêmement chargé. Il faut en permanence un homme par hectare, plus un appoint de main-d’oeuvre au moment de la cueillette. Avec l’achat d’engrais, de produits chimiques divers, l’amortissement et l’entretien du matériel, les frais de production sont nettement plus élevés que pour les cultures légumières de plein champ, mais les résultats financiers sont nettement supérieurs. Les arbres bien entretenus produisent d’une façon assez régulière des fruits d’excellente qualité. Ce système intensif, pratiqué seul ou associé à d’autres cultures, reste limité à des secteurs peu nombreux et peu étendus comme la vallée de Montmorency.
Aujourd’hui encore, malgré sa disparition, la poire reste le symbole de l’agriculture magnymontoise, comme en témoignait encore récemment la fête qui portait son nom. La pivoine reste aussi présente dans la mémoire magnymontoise par la place qu’elle occupe sur le blason de la commune. Enfin, le souvenir de l’agriculture se lit encore sur les plaques de rues de Montmagny.
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